Par Isabelle Resplendino, Présidente de l’AFrESHEB, webmestre d’Autisme-Belgique.
Mercredi 29 novembre, une réunion avec la ministre de l’environnement, Céline Tellier (du parti Ecolo, cela ne s’invente pas !) s’est tenue pour les habitants des communes de Beloeil et Leuze-en-Hainaut, à la suite du scandale de la contamination de l’eau aux PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). Cette réunion se passait dans la grande salle du centre La Pommeraie à Beloeil, qui accueille des résidents en situation de handicap belges et français. Eric Lenz, le directeur, soucieux de la santé des résidents avait tenu à mettre à disposition ses locaux. Lire l’article à ce sujet.
Je m’y suis donc rendue, en ma triple qualité d’habitante de la commune, de présidente de l’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique (AFrESHEB ASBL), webmestre d’Autisme-Belgique.
Comme je m’y attendais, autant la ministre que les responsables du cabinet, de la société wallonne des eaux (SWDE) nous ont fait une présentation nous expliquant qu’ils avaient tout bien fait (ben oui, c’est la faute aux journalistes qui ont affolé le public). Presqu’un an pour installer des filtres à charbon. Et surtout, aucun avertissement à la population !
Ils ont aussi annoncé des nouvelles mesures : mise sur pied d’un comité de scientifiques, analyse de sang de la population volontaire, surveillance des taux de PFAS…
J’ai interpellé la ministre à peu près en ces termes :
J’ai un fils autiste.
Depuis 18 ans, je suis dans le monde associatif du handicap. Nous voyons, nous les associations, les ministres concernés, depuis récemment, un accroissement terrible des cas d’autisme et, dans une moindre mesure, d’autres troubles du neurodéveloppement. Je vous rappelle, ou je vous apprends, que les perturbateurs endocriniens comme les PFAS seraient directement impliqués dans cette augmentation.
Il y a 2 à 3 ans de liste d’attente pour un centre de diagnostic en autisme. Des écoles spécialisées en autisme ont des listes d’attente interminables. Des enfants restent à la maison et ensuite, les services d’aide à la jeunesse enquêtent en raison de la déscolarisation. Je me bats chaque jour contre des signalements et des placements abusifs.
Alors je vois avec vos explications, que vous avez tout bien fait, et surtout que maintenant, vous avez pris les bonnes mesures. Mais si la RTBF (radio-télévision belge francophone) n’avait pas alerté la population avec son émission « Investigations », vous n’auriez rien fait.
Mme Tellier, la confiance, c’est comme les allumettes : cela ne sert qu’une fois.
En réponse, la ministre a une fois de plus expliqué tout ce qu’ils avaient fait, reconnu « une erreur de communication » et qu’elle demanderait au comité scientifique de se pencher sur les incidences sur les fœtus et les enfants en bas âge.
Par d’autres personnes posant des questions, nous avons appris que la ministre (du parti Ecolo, je le rappelle !) avait laissé s’implanter des usines produisant beaucoup de PFAS dans l’atmosphère…
Aussi, en écho au responsable du cabinet qui nous avait appris que les PFAS diminuent l’efficacité des vaccins, une maman de jeunes enfants avait reçu une lettre d’avertissement de l’école de son aîné l’avertissant de la recrudescence de la coqueluche, sur des enfants pourtant vaccinés !
Une dame a aussi demandé si elle pouvait avoir un remboursement partiel car elle a dû consommer de l’eau en bouteille… Réponse de la SWDE : non, puisque l’eau était potable ! Bronca générale du public. Je me suis alors fendue d’un « Même mon vétérinaire m’a conseillé de donner de l’eau en bouteille à mes chats et mes chiens ! » (véridique). (Et je ne parle pas non plus des coupures intempestives, cependant les factures, on les paie en entier !).
Finalement, je retiens de cette soirée visiblement, comme les autres, dictée par l’urgence des prochaines élections, qu’on ne sait pas trop l’incidence des PFAS sur les cancers, mais que les femmes enceintes et les enfants en bas âge doivent éviter de boire de l’eau du robinet dans les zones concernées.
Il semble que la responsable de la SWDE applique plus largement le principe de précaution : elle était la seule à la table des intervenants à disposer d’une gourde :
Les autres avaient des cruches d’eau. Il faudra que je demande à Eric Lenz si c’était de l’eau du robinet… Edit : oui, c’était bien de l’eau du robinet !